Text:August Lustig/Gedichte Dritte Auflage/Le Drapeau.

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Le Drapeau.

378 - 379


Tu demandes, souvent, ce que cela peut être,
« Ce petit rond de fer au bord de la fenêtre » ?
Quoique cela ne puisse encor t'intéresser,
Enfant, je te réponds : Il servait à hisser
Chaque année, autrefois, le drapeau tricolore,
Quand notre belle Alsace était française encore ;
Nous faisions ainsi voir notre contentement,
De ce qu'un hommeétait chef du gouvernement
Qui pillait le pays, assassinait dans l'ombre,
Commettait des forfaits et des crimes sans nombre.

Cet homme, souviens-toi, c'était un empereur !

Un jour il nous livra, ce lâche, à son vainqueur,
Les malheurs sont venus, et de notre ignorance
Nous devons, aujourd'hui, subir la conséquence.

Vois-tu ces départs ? c'est l'émigration,
La suite de la guerre et de l'annexion,
Cette loi sans pitié qui causait tant d'alarmes,
Qui fait couler encor aujourd'hui tant de larmes,
En proscrivant sans cesse, en chassant les enfants
Loin de leur beau pays, loin de leurs vieux parents,
Dont ils avaient reçu les soins et la tendresse,
Qu'ils devaient soutenir quand viendrait la vieillesse.

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En face de ces maux l'esprit devient pensif !

Combien de fois déjà le peuple trop naïf
A-t-il été surpris ainsi dans l'ignorance ?
Ne va-t-il pas bientôt sortir de son enfance,
Lever la tête, enfin, et comprendre surtout
Que l'homme sur la terre est le même partout ?
Ne forme-t-il donc pas une famille unique,
Végétant sur un même atome énigmatique,
Pourquoi ces préjugés au sein des nations,
Pourquoi, hélas ! pourquoi tant de religions ?
Ne pourrait-on s'unir et s'aimer sur la terre,
Au lieu de s'égorger, de se faire la guerre ?
Debout, réveille-toi, pauvre peuple insensé !
On s'entretient souvent d'un paradis passé,
C'est devant toi qu'il est, chasse ton ignorance,
Et peut-être qu'un jour finira ta souffrance !....