Text:August Lustig/A. Lustig Sämtliche Werke: Band 1/Quelle famille !...
Mars 1875.
Quelle fatalité ! quel génie malfaisant
Vient nous distribuer, sans cesse, à chaque instant
Toutes ces maladies ? - A, tout moment une autre
Vient se ruer sur nous ! Quel crime est donc le nôtre
Pour être ainsi traités ?
Hélas ! que de douleurs !
Nous avons eu des maux de toutes les couleurs,
Jaunisse, puis rougeole et fièvre scarlatine
Vinrent se faufiler parmi nous en sourdine,
Les maladies de peau, de gorge et des migraines,
Nous torturant sans cesse, ont mérité nos haines,
Le mal de dents ! la toux augmentent la souffrance,
Bref, toute la maison n'est plus qu'une ambulance.
On peut trouver chez nous, c'est vraiment un plaisir,
Tous les médicaments; on n'a qu'à les choisir.
C'est une pharmacie qui cherche sa pareille :
Pilules d'arsenic, onguents, salsepareille,
Magnésie, quinquina, camphre, aloès, ainsi
Qu'éther, diachylum, emplâtres de Wlinsi,
Bicarbonate, alun, sulfate d'atropine,
Enfin tout ce qu'on peut appeler médecine
S'y trouve réuni.
Hélas ! quelle famille !
Je crois qu'elle est unique en toute notre ville.
Que de sortes de maux, que de variétés,
Nulle part on ne trouve autant d'infirmités !
Aussi faut-il la voir au moment des pansages !
Quelle exhibition de plaies, que de bandages !
Ici c'est une jambe, incurable peut-être,
Là c'est un exanthème que l'on voit apparaître,
Accompagné de clous quelque peu formidables,
Poussant sur des terrains souvent inavouables,
Plus loin c'est un genou que frotte un malheureux,
D'autres n'entendent rien, quelques-uns sont boiteux,
Je n'en dirai pas plus sur ces tristes spectacles,
C'est plus qu'un hôpital, c'est la cour des miracles !
Printemps ! divin printemps ! toi dont la douce haleine
Va bientôt caresser la verdoyante plaine,
Toi qui feras pousser la douce violette,
Qui viendras rappeler son chant à la fauvette,
Cacher les vieux rameaux sous la jeune verdure,
Et rendre enfin son charme à toute la nature,
Ne voudrais-tu donc pas, toi qui fais tout fleurir,
Aussi nous consoler et bientôt nous guérir ?....