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Text:August Lustig/A. Lustig Sämtliche Werke: Band 1/En veillant.

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En veillant.

Décembre 1874.

26 - 27 FR


Si quelque jour, enfant, tu penches ton visage,
Rêveur et sérieux, sur ce petit ouvrage,
Lis-le, car il contient pour toi maint souvenir.
Des jours de ton enfance il va t'entretenir ;
Il te rappellera les soins et la tendresse
Que l'amour prodiguait à ta tendre jeunesse,
Veillant sans se lasser, dès le premier moment,
Sur tes jours tourmentés, sur ton pas chancelant ;
Il te rappellera l'époque bienheureuse
De tes jeux enfantins, quand tu courais joyeuse
Dans l'humble jardinet, ce cher petit réduit
Où ton premier sourire, un jour, s'épanouit;
Où j'aimais avec toi courir, le soir, et prendre
Sur ta bouche mignonne un baiser doux et tendre,
En me prêtant, heureux, redevenant enfant,
Aux jeux simples, naïfs, de ton âge innocent.

Hélas ! en ce moment sur ton lit de souffrance
Je te vois étendue, enfant, sans connaissance !
C'est en veillant sur toi, sur ton sommeil fiévreux
Que j'écris cette page. - Instant bien douloureux !
Te voilà de nouveau par une fièvre ardente
Dévorée aujourd'hui ! - Ta pauvre main brûlante
Qui vient de se glisser dans la mienne en tremblant,
Semble lui demander quelque soulagement.
Ah ! fatale impuissance, anxiété suprême !
Voir là, devant ses yeux, un être que l'on aime,
Un pauvre faible enfant qui souffre, qui se tord,
Qui, brisé par la lutte invoque enfin la mort,
Et ne pouvoir calmer une douleur semblable,
Ne pas pouvoir chasser ce mal impitoyable,
Etre de ces tourments l'impuissant spectateur,
Ah, quel affreux supplice endure ainsi le cœur !

Et déjà mainte nuit, hélas, s'est écoulée
Ainsi par l'insomnie et l'angoisse troublée !
Heures de désespoir, où j'ai maudit souvent
La terre et cette vie, enfer toujours ardent,
Qui ne peut nous donner que douleur et souffrance,
A quoi donc peut servir une telle existence ?
On souffre l'un par l'autre en s'aimant, puis un jour
Chacun de son côté disparait sans retour !......

28 - 29 FR

Etrange destinée ! - Entraîné par le doute
L'esprit va s'égarer sur cette sombre route !

Mais à quoi bon la plainte ? Arrachez votre cœur,
Vous qui souffrez ici ; croyez-vous que la fleur
Se plaint quand l'ouragan l'emporte à peine éclose,
Et devant le destin sommes-nous autre chose ?
Comme elle nous croissons, ici, sur cette terre,
Faibles, chétifs, doués d'une vie éphémère ;
Pauvre petit roseau qui tremble pour ses jours,
Qu'un souffle quelquefois peut briser pour toujours ;
Qu'importe à la nature un être, une existence ?
Qu'importe notre sort à sa toute-puissance ?

Elle est ce qu'elle était avant notre réveil ;
Le beau ciel étoilé, l'aurore et le soleil
Brillaient déjà quand l'homme était encore à naître,
Et brilleront un jour sans plus trouver peut-être
Aucun admirateur sur ce globe désert.
Car ce n'est pas à nous que ce monde est offert !
Il poursuit le chemin que lui fait l'étincelle,
Qui jaillit sous les pas de sa course éternelle !....